A l’aube du printemps de l’an 594, les douces contrées albionnaises resplendissaient de milles fleurs malgré la guerre ancestrale qui opposait ses habitants aux vils elfes et sournois kobolds….
Lucas Dernok’s le forgeron se promenait avec son fils David dans les vertes plaines de Salisbury. Oh, nombres de monstres les scrutaient d’un mauvais œil mais l’enfant n’avait pas peur ; son père, forgeron aujourd’hui fut un grand soldat autrefois. Ils s’approchaient du lieu de culte à la fois adulé et craint par les bretons. Stonehenge semblait lui-même apaisé dans sa magnificence. Les Dernok’s contemplaient ce splendide monument, construit dans des temps trop anciens lorsqu’ils entendirent un murmure tout près… Lucas s’avança en ordonnant à son fils de ne plus bouger. Il vit un homme - un sarrasin lui semblait-il – le genoux à terre, les yeux à demi fermés pleurant. Il vit à son tatouage et à son arme que c’était un disciple de l’armée sombre. Il décida de l’interpeller…
- Sarrasin ! Que t’arrive-t-il ?!
Les murmures s’arrêtèrent nets alors que la bouche de l’individu n’avait pas bougé… Des voix… serait-ce ?... Le sarrasin releva la tête et ouvrit les yeux. Des yeux noirs emplis de haine et d’horreur à la fois. Un vacarme horrible venant du fond des terres se fit entendre. Le monde semblait s’être arrêté. La vie figée.
-Ne reste pas ici, homme de Bretagne. Tu cours un péril immense.
Malgré ses années de guerroiement, Lucas avait pour la première fois peur. Il se retourna, saisit son fils par le bras et fuit. Quelques mètres plus loin, il stoppa sa course et observa quelque chose qui le tourmenta toute sa vie : un nuage énorme, sombre et rougeoyant s’était formé au dessus de Stonehenge. Le sarrasin était debout, les yeux levés vers cette masse informe et il se formait au dessus de sa tête un regard couleur braise. Un éclair gigantesque transperça l’air et frappa de plein fouet l’inconnu tandis que les sanglots assourdissants d’une femme faisaient trembler tout autour. Il s’écroula.
Lucas hésita un moment, puis décida de s’approcher, au cas où l’homme serait encore en vie. Il respirait et commençait à doucement se relever. Lucas prêta mains fortes au blessé et ne put s’empêcher de poser la question – que tout le monde aurait posée à sa place, il faut bien le dire.
-Que… Que s’est-il passé ?
-Voila, désormais tu sais pourquoi je pleurais… répondit le sarrasin, un sourire en coin
-Mais, qu’était-ce ?
-Les arawnites n’ont qu’une loi : servir ou mourir. Mon temps était fini désormais, j’étais probablement trop âgé…. J’aurais du m’en douter… Maintenant, je me dois de mourir en protecteur d’Arawn, aide-moi à me redresser.
Le sarrasin se redressa, affaibli, le visage blême mais le regard toujours aussi noir qui désormais semblait plus miséricordieux. Il repoussa fermement mais délicatement le forgeron afin de marcher aussi fièrement au crépuscule de sa vie que sur les champs de bataille. Il se dirigea lentement vers le centre de Stonehenge ; il marchait au pas – à croire que c’était gravé en lui – titubant sans pour autant s’en apercevoir. Lucas l’interpella :
-Mais attendez ! J … vous…. Je ne sais même pas votre nom….
-L’on m’a nommé…. Chenesan…. Chenesan Annfwn, protecteur d’Arawn, gardien de l’ordre des chiens rouges !
Sa voix sonnait comme milles trompettes midgardiennes malgré sa mort proche, douce ironie que lui jouait sa vie… Il disparut à l’entrée de Stonehenge vers ses profondeurs inconnues, là d’où l’on ne revient pas… enfin….
Voila mes enfants ! Telle était l’histoire que nous racontait mon grand-père, David Dernok’s. L’histoire de la fin d’une vie. L’histoire de la fin d’un temps…..
Accueil 
